AIDE ET SOUTIEN DES PROCHES
Vous êtes proches de quelqu'un souffrant de
maladie alcoolique, vous vous sentez démunis et cherchez à
comprendre, ou bien seulement vous souhaitez partager votre
expérience personnelle,
Un lieu d'écoute, de soutien et d'échanges vous ouvre ses portes
lors d'une rencontre mensuelle dans le 8ème arrondissement de LYON
et à St PRIEST :
Tous les 2ème jeudi du mois De 16h30 à 18h30 |
Tous les 3ème jeudi du mois De 20h00 à 22h00 |
41 bis Rue Maryse BASTIE
69008 LYON |
Centre Social Louis Braille Rue Louis braille 69800 St PRIEST |
Personnes à votre écoute : | Personnes à votre écoute : |
Les personnes présentes ce jour : | Françoise : 06.15.05.80.70 Jeanine : 04.78.40.22.71 |
Témoignage de Michel Gonon, bénévole à l’Association Vie Libre.
Mesdames, Messieurs, bonjour
Je m’appelle Michel GONON et je suis venu vous faire part de mon expérience et vous parler bien modestement de l’entourage du malade alcoolique, et des groupes entourage qui commencent à voir le jour dans les sections Vie Libre et dont je fais partie. Je ne vous parlerai pas de l’entourage médical, paramédical ou social du malade alcoolique qui fait bien sûr partie de sa vie, il y a ici des personnes bien plus qualifiées que moi sur ce sujet.
L’entourage dont je vais vous parler est celui dont bien souvent, un peu moins depuis quelque temps, on s’entend dire qu’il est le plus mal placé pour réussir à diriger le malade vers les soins ou pour faciliter l’après-cure et un retour vers la guérison du malade. Et pour cause! Comment pourrait-il en être autrement? si le proche du malade, femme, mari, enfant, parent, est tenu à l’écart du processus. Lors de l’alcoolisation de son malade, l’entourage est complètement perdu, il ne comprend pas toujours, pour ne pas dire presque jamais, ce qui ce passe. Il n’est pas rare même qu’on lui cache la vérité sur la dépendance de son malade. Très rapidement on devient non pas dépendant du produit alcool mais de son malade, ce qui nous ronge et nous détruit petit à petit. Alors à ce moment-là, à qui peut-on se confier, confier sa douleur, son impuissance, son désespoir. Car si le malade alcoolique a honte de sa maladie et va se cacher dans le déni, l’entourage, lui, a honte de lui-même, car il culpabilise, et de son malade. On se terre nous aussi dans un déni. Et s’il est bien difficile de dire que l’on est devenu dépendant du produit alcool, il est tout aussi difficile de dire que l’on est devenu dépendant d’un malade alcoolique. Dans ces conditions lorsque l’on en est arrivé là, ce n’est pas à ses proches, parents, famille, amis que l’on peut demander de l’aide. Imaginez-vous en famille en train de parler de l’alcoolisation de votre mari ou de votre femme, le plus souvent à des personnes qui ne savent rien de cette maladie et qui au contraire vont plutôt sourire du problème, et de leur demander des solutions.
Voyant bien qu’il y a un problème, à un médecin
on va bien essayer de demander de diriger notre malade vers des
soins, avec les difficultés que l’on connait et l’envie de réussir
qui nous ronge. Un jour un médecin à qui je demandais, mais qu’est
ce que je peux faire, m’a répondu : monsieur, je ne vois pas 36
solutions il faut vous séparer, partir, et oublier. Mais en fin de
compte, malgré tous nos mauvais efforts, on le sait bien que c’est
le malade seul qui décide réellement de se soigner. Alors qui va
nous expliquer à nous entourage, que les soins ne sont efficaces
qu’avec le contact des autres, et que l’on ne sort de la maladie
alcoolique qu’avec un long travail avec les autres. Il y a bien les
journées des familles qui sont organisées par les centres de cure
pendant les soins, mais combien s’y rendent, pour ma part je me
souviens lorsque j’y suis allé nous n’étions pas nombreux. Alors
bien sur non informé, sans communication sur la maladie, l’entourage
ne pourra être qu’inefficace et sa douleur encore plus grande face
son échec. Si l’entourage est laissé pour compte alors oui, il sera
le plus mal placé pour aider son malade.
Et c’est ce que nous essayons de faire dans nos groupes de parole, oh pas de se donner des remèdes miracles, chacun sait bien qu’il n’en existe pas, mais de confronter nos vécus, de parler de ce qui marche pour les uns et pas pour les autres, de quelles aides on peut bénéficier, de se renseigner sur cette maladie, de mettre en commun les connaissances et les informations de chacun. Nous essayons de soutenir ceux qui sont perdus, désespérés, de les aider à sortir de leur dépendance, de les protéger contre elle. Comme le disent les malades, devenons égoïste, pensons d’abord à nous protéger nous contre cette dépendance pour ne pas sombrer comme un malade, et ne plus être maitre de notre destin. Ce sont des lieux où au moins on peut en toute liberté et sans jugement venir confier ses peines, vider son sac, souffler un peu, venir pleurer. Nous parlons de cette maladie qui nous ronge et détruit tout autour de nous avec des mots simples, les nôtres. On explique, ou tout au moins on essaie, à ceux qui ne savent pas, ou qui ne comprennent plus, avec que l’on a appris, et surtout vécu, pour tenter de redonner confiance, reprendre espoir, se guérir. Comme l’on dit, vivre ensemble, malade de boire et malade du voir boire.
Alors s’il vous plait, Mesdames, Messieurs, les
Médecins, les Psys, vous qui œuvrez dans le social ou le médical,
soignez-nous, entourage, autant que les malades alcooliques, nous en
avons besoin. Envoyez-nous dans des associations comme vous le
faites pour un malade et même si les associations n’ont pas de
groupes spécifiques entourage, je ne pense pas que cela soit le
problème. Pour ma part j’ai bien commencé à comprendre cette maladie
au contact des malades bien avant de décider d’ouvrir des groupes
entourages. Se sont eux qui m’ont appris d’abord que c’était une
maladie, qu’elle se soigne et que l’on s’en sort. Sans eux je ne
serais sûrement pas là pour vous en parler, et de toute façon le mal
qui nous ronge est bien le même. A l’origine de Vie Libre le contact
avec le malade se faisait avec la présence de son entourage de
manière à créer une cellule autour du malade. L’entourage était
alors impliqué dès le début du processus de soin. Aujourd’hui cette
règle est toujours la même, mais dans notre société de plus en plus
individualiste où l’on est très rapidement seul et rejeté surtout si
on a des problèmes, c’est plus difficile. La création des groupes
entourages n’a pas le but de séparer les malades et les autres.
D’ailleurs nous nous réunissons bien moins souvent, en moyenne une
fois par mois, et le reste du temps nous sommes ensemble aux
permanences hebdomadaires, aux activités des sections, etc.
Ils ont plutôt pour but de nous permettre de
parler de la maladie et de ses conséquences avec nos mots sans
risquer de choquer les malades et de parler de nos réactions face
aux problèmes rencontrés, qui sont forcément différentes de celles
du malade. Comme les malades nous pouvons parler de nos parcours et
nos galères dans cette maladie. Chacun doit soigner sa dépendance.
Lors des premiers contacts pour certains cela peut être un plus de
se trouver sans malade dans un groupe, on peut se sentir plus à
l’aise. Car si ce n’est pas facile pour un malade de pousser la
porte de nos associations, ce ne l’est pas non plus pour
l’entourage, nous aussi nous avons honte de notre situation et de
notre impuissance. Alors dans ces conditions un entourage qui sait
deviendra sûrement un appui pour son malade.
En conclusion je dirais, presque une lapalissade,
qu’il est plus facile d’aider les autres lorsque l’on est soi-même
libre de toutes contraintes et en bonne santé morale.
Merci pour votre attention.